Les dessous de la campagne des "Massacres du Dniester" - 1932
(un article de L’Humanité (PCF), le 14 avril 1932 - source - BnF)
Nous avons, dans l’Humanité, fait litière de la campagne de la presse pourrie sur les prétendus “massacres du Dniester”. L’ignoble individu qui a nom Géo London, hier, sur la place de Paris, a encore bavé sur l’U.R.S.S. les immondes calomnies fabriquées dans les salles de torture de la Sigourantza roumaine. Mais les travailleurs bessarabiens, eux même, malgré l’abominable régime de terreur que font régner sur la Bessarabie les assassins de Bucarest ceux-là même avec qui banqueta London - se sont élevés avec vigueur contre cette campagne qui prépare la guerre contre l’Union Soviétique. Les lettres de nos correspondants que nous avons reproduites sont probantes, Les renseignements complémentaires qui parviennent de Roumanie dévoilent les fils cachés de la machination criminelle, dont l’inspiration vient de Paris et dont Geo London et les social-fascistes roumains se sont faits avec tant de vilenie les abjects instruments. Voici à ce sujet une lettre de Roumanie, publiée par la Pravda du 8 avril, et qui dévoile : des faits dont Geo London s’est bien gardé de parler :
La genèse de la campagne
Petit à petit on découvre la genèse de l’ignoble campagne antisoviétique déclenchée par la bourgeoisie roumaine et par ses complices dans la préparation de l’intervention, sous le mot d’ordre, ronflant des « cruautés du Dniester». Déjà, au cours de l’automne dernier, le ministère de l’intérieur de Roumanie avertissait la municipalité de Kichinev et d’autres villes de Bessarabie de l’imminence « d’une grande poussée de réfugiés d’au delà du Dniester et leur demandait de prendre les mesures nécessaires pour l’abri et l’alimentation de ces réfugiés». Tout le monde s’étonnait comment le ministère de l’intérieur de Roumanie peut-il savoir ce qui se passera au cours de l’hiver ? La municipalité s’empressa de mettre à la disposition du Comité des réfugiés, spécialement créé, deux bâtiments dont un était destiné auparavant à une maison d’orphelins. Cette maison fut fermée et les enfants jetés à la rue sous le prétexte que les municipalités ne disposaient pas des sommes nécessaires à leur entretien. Lorsque le Dniester fut pris par les glaces, les journaux annoncèrent constamment l’arrivée de paysans qui fuyaient la collectivisation»… C’est à ce moment que se produisit l’ignoble massacre de Soroki où cinq jeunes ouvriers furent assassinés par les gardes frontières de Roumanie. Le gouvernement de Roumanie se crut obligé d’augmenter, au possible la campagne des «cruautés sur la rive gauche, du Dniester» pour arriver à retenir la vague montante des habitants de Bessarabie voulant s’évader en U.R.S.S. Dans leur répression de ce mouvement de fuite, les gendarmes et les gardes frontières de Roumanie recoururent aux méthodes de répression des plus brutales. Ceux qui ont été attrapés ont été soumis à des supplices sauvages. Beaucoup d’entre eux ne survécurent pas aux tortures. De nombreux faits fournissent la preuve que des agents roumains ont collaboré à la mise en scène du passage de koulaks d’une rive à l’autre du Dniester.
Comment on a “fait” des réfugiés
Les koulaks réfugiés en Bessarabie racontent, dans des conversations privées, des choses très intéressantes. La plupart d’entre eux avaient reçu, par l’intermédiaire de personnes inconnues, des lettres provenant de leurs parents, leur décrivant sous de magnifiques couleurs, la situation en Bessarabie et les invitant à passer le Dniester. Une fois arrivés en Bessarabie, ces gens constatèrent, à leur stupéfaction, que les parents qui les avalent “invités” ne leur avaient nullement écrit et qu’ils - se trouvaient eux-mêmes dans une situation désespérée. (Ou est le beau pain blanc de London?) Ils racontent encore que des gens inconnus les ont incités à passer en Bessarabie en leur garantissant l’absence de tout danger au cours de cette entreprise. Caractéristique aussi est le fait que dans certains endroits où les koulaks isolés ont traversé le Dniester, ils ont trouvé aux postes frontières roumains des aliments à profusion. Au cours de leurs entretiens avec des correspondants de journaux bessarabiens, plusieurs « réfugiés » ont raconté qu’ils ont été blessés, lors de la traversée, par des, balles provenant de la rive roumaine. Aucun journal bessarabien n’a évidemment publié un mot à ce sujet. Tous ces faits démontrent clairement que la campagne des prétendues cruautés sur la rive gauche du Dniester & etc organisée du commencement à la fin par les autorités roumaines, dans le but de pouvoir alimenter la campagne antisoviétique et intimider la population paysanne de Bessarabie. La population de cette malheureuse province reçoit d’ailleurs avec une méfiance évidente tous les communiqués de la Sigourantza et des journaux à la solde du gouvernement concernant ces prétendues cruautés. Les autorités de Bessarabie avaient d’abord essayé d’utiliser les koulaks fugitifs pour une agitation contre-révolutionnaire de grand style dans les villages de Bessarabie. Les réfugiés étaient promenés d’un village à l’autre, des réunions paysannes avaient été convoquées partout, où ces réfugiés répétaient l’histoire apprise. La réaction des affamés de Bessarabie Peu après, les autorités roumaines se rendirent compte que la paysannerie bessarabienne gardait une attitude hostile à cette agitation. Un des koulaks fugitifs, un certain Dolta, qui s’était rendu chez des parents dans le village de Jaloveni (près de Kichinev) fut sérieusement maltraité par les paysans au cours d’une discussion sur la situation en URSS où le koulak voulait répéter les mensonges débités au cours des réunions publiques tenues en présence des gendarmes et des autorités. Le koulak dut être transporté à l’hôpital, et les paysans qui lui avaient infligé la correction méritée furer arrêtés. Dans d’autres villages, l’agitation entreprise à l’aide de koulaks a eu plus ou moins le même sort, et la gendarmerie du intervenir à maintes reprises. La Sigourantza avait organisé, à la cathédrale de Kichinev, une messe de Requiem pour le “Moldaves tués sur le Dniester”; l’église fut entourée par des agents de la Sigourantza et seules les personnes invitée pouvaient y accéder les autorités craignaient une démonstration hostile de la part de la population. Les “sauvés”, qui furent présentés au cours de la cérémonie, avaient été introduits en cachette pour échapper à la foule indignée. La Sigourantza avait également organisé à Bucarest une messe de Requiem de ce genre, mais elle dut y renoncer au dernier moment par peur d’une contre-démonstration. Les popes de Bessarabie qui voulurent, du haut de la chaire, parler des “cruautés de la rive gauche du Dniester”, furent rappelés à l’ordre par les cris des paysans indignés. Ainsi, la campagne déclenchée eut des résultats bien inattendus des organisateurs, car la population bessarabienne connaît la valeur de ces provocations et les considère avec le plus grand dédain. Signe : Mikhai Sorotchan. Défendons l’édification socialiste ! La Pravda, qui public celte lettre, y ajoute le commentaire suivant : “Cette lettre prouve clairement que l’état d’esprit de la population bessarabienne ne correspond - nullement au tableau présenté par le gouvernement et que la tentative des autorités d’utiliser des koulaks moldaves pour une agitation parmi la paysannerie bessarabienne à complètement échoué. De telles méthodes provocatrices ne peuvent avoir aucun succès parmi les masses de la Bessarabie occupée et livrée à la Sigourantza. Une telle campagne a déjà été tentée en 1920-21, quand le gouvernement roumain avait organisé en grand la “fuite” d’éléments antisoviétiques de l’Ukraine méridionale. A l’heure actuelle, les occupants de la Bessarabie n’ont réussi qu’à attirer seulement quelques koulaks isolés. Cependant cette campagne constitue un chaînon dans la chaîne d’ultérieures provocations. En Bessarabie et en Roumanie, de nouveau renaît l’activité des gardes-blancs et des organisations blanches, remplissant les directives reçues de Bucarest, de Prague et de Paris. Le paysannerie de la rive soviétique du Dniester a fortement riposté aux agissements des agents de la bourgeoisie roumaine. Les larges masses travailleuses de la république soviétique moldave opposent aux provocateurs roumains la collaboration active à l’édification socialiste”.
Il appartient au prolétariat français, devant la menace grandissante contre la seule patrie des travailleurs du monde entier, de contribuer à la victoire du socialisme sur 1/6 du globe, par la lutte renforcée contre l’impérialisme français, contre son mouleur soutien social, le parti des Blum, Rosenfeld et Renaudel et leurs plans d’agression antisoviétique. En votant pour le parti Communiste, le 1er, mai, les travailleurs de France manifesteront leur volonté de s’opposer à la guerre impérialiste par l’action révolutionnaire de masse. - M.-M.